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La gloire de Milla Jovovich.

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Au début, tout le monde trouvait que son nom était aussi imprononçable que celui d’un volcan islandais en éruption. L’idée de s’appeler Milla (prononcer « mee-luh », précise son site, ce qui ne nous avance pas beaucoup) Jovovich ne pouvait venir qu’à une demoiselle d’exception. Avec un prénom pareil, le choix est limité : l’oubli ou la gloire.

Elle préféra la gloire. Il faut bien qu’elle vienne de quelque part.
Elle a vu le jour en Ukraine. Personnellement, on aurait plutôt parié pour la planète Mars, le pays des Merveilles, une île pas répertoriée sur les cartes géographiques. La chose se passa en 1975. Qu’arriva-t-il d’important, en 1975, à part la naissance de Milla Jovovich ? La question se pose, avec le recul. Richard Avedon la photographia quand elle avait onze ans. C’était un garçon manqué. Elle l’est restée.

On se souvient qu’elle balança soudain un verre sur le plateau de Thierry Ardisson. Il y avait sûrement une raison. Il y a chez elle de l’imprévisible. C’est une grenade dégoupillée aux mensurations impeccables. L’armure lui va aussi bien qu’un maillot deux-pièces. Elle apparaît dans des adaptations de bandes dessinées, de jeux vidéo, mais c’est une héroïne d’Anouilh, avec cet air de petit animal buté. Elle ne déparerait pas non plus dans une de ces nouvelles signées Paul Morand où des femmes irrésistibles et lointaines menaient les hommes par le bout du nez. La vie est trop courte pour être raisonnable.

Cette femme-enfant n’est pas faite pour les banlieues de l’existence. Elle n’a pas le genre à traverser dans les clous. Son corps est une mécanique de précision. Cette créature d’aujourd’hui remonte à la plus haute antiquité. Elle est farouche, entière, excessive, inquiétante. Ses caprices doivent être innombrables. Les réalisateurs la surveillent comme le lait sur le feu. Les flammes ne l’effraient pas puisqu’elle a incarné Jeanne d’Arc. Lorsqu’elle sourit, elle fait ça en cinémascope. On est alors persuadé qu’elle a beaucoup plus que trentedeux dents. Elle tombe de cheval, d’une échelle, d’un immeuble.

Elle s’accroche des deux mains à un vaisseau spatial. Elle fait des bonds de six mètres. Elle se jette furieusement dans ses rôles, avec ses mèches qui lui balayent le front, cachent son regard qu’elle a terriblement bleu. Dans Le 5e Élément, elle était fagotée comme l’as de pique, entourée de bandelettes un peu emphatiques. Il lui arrive de pleurer. Ses larmes attendrissent. Elle hausse la voix. La sienne est rauque, mystérieuse, étrangère. On l’imagine vidant de la vodka au goulot, lançant la bouteille derrière elle, au son de violons tziganes. Elle parle serbe, russe, anglais. Et le français, oh? Cette lacune est d’une négligence révoltante. Il paraît qu’elle chante. On dit même qu’elle existe. Elle ne le sait pas, mais elle est plus grande qu’elle-même. Milla Jovovich est la seule à pouvoir être Milla Jovovich.

* Éric Neuhoff fait partie des révélations littéraires des années 80 dans le plus pur style néo-hussard. Depuis, il ne cesse de surprendre son monde, notamment avec son dernier roman, Les Insoumis (Fayard). Et lorsqu’il prend la plume pour évoquer Milla Jovovich.


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