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Paris Match. Le mythe Bardot est en marche.



Insolente et libre, elle est la jeunesse de la France. Et celle de Match. Brigitte Bardot a 16 ans quand elle fait sa première couverture, en 1951. Une adolescente, un journal à ses ­débuts. Entre les deux, une histoire d’amour qui se concrétisera par un ­mariage avec Roger Vadim, reporter au magazine. Brigitte changera de mari et d’amant, jamais de journal. Avec la grâce d’une star qui n’a jamais caché son âge, elle nous adresse ses vœux toujours espiègles pour un anniversaire qui colle à son destin. ­Carrière éclatante, bonheurs privés, malheurs ­publics, ­Paris Match, aujourd’hui, lui raconte sa vie. Comme Brigitte nous raconte la nôtre et d’abord l’émancipation des femmes dont elle a été, sans l’avoir cherché, le porte-drapeau. Une victoire blonde. Le sourire de nos « glorieuses ».

Paris Match. Le 10 février 1951, Match te consacre pour la première fois sa couverture. Tu as 16 ans et demi, tu es inconnue...
Brigitte Bardot. Je crois me souvenir qu’il s’agissait d’illustrer un ­reportage sur le thème “Restez toujours jeune en appliquant la méthode du Dr Gayelord Hauser”. J’étais ­affreuse sur cette photo, on aurait dit une noix de coco avec une perruque ! Personne ne me connaissait puisque je n’avais jamais fait de cinéma. D’ailleurs, mon nom n’était même pas mentionné sur la couverture.

A cette époque, tu tombes raide amoureuse de Vadim.
Il n’est pas encore journaliste. Papa lui a dit : “Vous n’épouserez ma fille que lorsque vous aurez un ­salaire.” Vadim se présente alors à Hervé Mille et Jean Prouvost, les ­patrons de Paris Match. Il entre au journal comme reporter.

Peu à peu, tu commences à être connue. A Cannes, tu sors d’un carton sur le pont d’un porte-avions américain. Match te photographie, ce sont tes premières parutions.
Dans l’ancien immeuble du journal, rue Pierre-Charron, j’étais chez moi. C’était ma deuxième maison. Je connaissais tous les recoins de la rédaction. J’étais reçue comme la femme de Vadim mais aussi comme la copine qui partageait tous les petits secrets des reporters. Combien de fois ai-je dormi dans un grand canapé pendant les nuits de bouclage ! Oui, Match, ce fut mon havre, ma grotte, avant et après ma célébrité. Ce fut ma famille, tendre et complice, et surtout fidèle.

Sur une célèbre photo de toi, assise, les jambes croisées haut, en collant noir, les cheveux sur les épaules, on peut lire ta dédicace : “De la part de Bri, la petite fiancée de Match”.
Ce sont les photographes qui avaient trouvé ce joli surnom. Il faut savoir à quoi ressemblait le journal dans les années 55-60. C’était le foutoir intégral pour les gags et les blagues de potache. La rigueur de l’information et la chasse au scoop n’empêchaient pas la rigolade permanente. Je me souviens d’un soir de bouclage, un lundi, où pour détendre l’atmosphère je suis montée sur la grande table de la rédaction en soulevant mes jupons et en ­esquissant quelques pas de danse sous les hurlements des garçons et des directeurs, assez surpris !

Tous étaient un peu épris de toi ?
Oui, ils me faisaient la cour et j’adorais ça ! C’étaient des frères pour moi. Lorsque je m’engueulais avec Vadim [rires], j’allais me faire consoler par tous ces beaux mecs qui m’emmenaient boire un verre à La Belle Ferronnière, l’annexe de la rédaction, la brasserie en bas du journal. Leurs notes de frais étaient salées comme la mer Morte ! Mais Match était le magazine qui se détachait des autres en montant des coups imparables et exclusifs.

Avec le triomphe de “Et Dieu créa la femme”, ta célébrité transforme-t-elle tes rapports avec Match ?
Pas du tout ! Célèbre ou pas, je m’en foutais royalement. Je tenais à rester moi-même avec mes copains, j’étais toujours leur petite fiancée, la rigolote qui passe dire bonjour à ses petits frères et à leur Leica en bandoulière. Nous avions nos codes, nos fous rires. Dédé Lacaze, le ­rédacteur en chef, deviendra mon témoin, le jour de mon mariage avec Charrier.

A l’époque, un calcul très sérieux ­révèle que les magazines français t’ont consacré 3 millions de lignes et ont publié 30 000 photos de toi.
C’est terrifiant et inimaginable aujourd’hui et pourtant c’est la réalité. J’ai été traquée, manipulée, agressée, planquée jour et nuit. Tu peux en témoigner puisque tu étais à mes côtés. J’ai été la proie de photographes qui venaient de l’autre bout du monde, alors j’ai choisi Match et mes copains pour des ­parutions bien élaborées et exclusives qui carbonisaient la concurrence. Concurrence qui, bien ­entendu, se vengeait en écrivant des horreurs sur moi.

Ton accouchement, en janvier 1960, a sans doute été le paroxysme du phénomène Bardot.
Alors que mon gynécologue me demandait de sortir, de prendre l’air, de marcher les deux derniers mois de ma grossesse, je suis restée enfermée, avenue Paul-Doumer, cernée par 200 journalistes qui planquaient jour et nuit dans les escaliers, sur le palier des étages, dans leurs voitures, sur le toit de l’immeuble. Les volets fermés, avec mon gros ventre, j’ai tourné en rond pendant deux mois sous la menace de téléobjectifs sortant de toutes les chambres de bonne, louées depuis des semaines, qui entouraient le 7e étage de mon immeuble.

Il faut savoir que la première photo de toi et de ton bébé atteignait plusieurs millions de francs à l’époque.
Ce fut une naissance d’une incroyable violence, à tous points de vue. J’avais l’impression que j’allais mourir ou devenir folle. Nicolas en a subi les retombées. Quarante-neuf ans plus tard, je sais que la plus grande injustice que j’ai infligée à mon fils, c’est que je lui en ai voulu de naître dans des conditions pareilles. C’est pourquoi, dans mon bouquin, j’ai écrit ces lignes si dures concernant sa naissance. Je me ­disais : pourquoi dois-je mettre au monde un enfant qui me bouffe la vie à ce point-là ? Je sais que, pour lui, ce fut une injustice incroyable.

Aujourd’hui, tu as deux petites-filles de 17 et 20 ans qui, paraît-il, te ressemblent. Les vois-tu ? Es-tu une bonne grand-mère ?
Non, je ne suis pas une bonne grand-mère. Elles vivent en Norvège avec leur père, elles ne parlent pas français, et nous n’avons pas l’occasion de nous voir. Pourquoi tricher ? Tu le sais, j’ai toujours dit ce que je pensais et pensé ce que je disais. Je n’ai jamais cru aux liens du sang.

Revenons à tes années Match. Les couvertures s’enchaînent, les initiales BB occupent toute la planète.
Tout cela m’a fait tellement peur que j’ai tenté de me foutre en l’air très sérieusement. J’étais un animal traqué qui n’avait plus la force de fuir, de vivre, tout simplement.

Tu te réfugies, alors, dans l’amitié…
C’était primordial. Heureusement qu’il y a toujours un ami au bout du fil car la solitude est là, ­insidieuse et présente. Les clins d’œil de Match, à travers quelques sujets drôles, se succèdent. Ainsi, sur le tournage de “Viva Maria !”, je revois Gérard Géry, le photographe du journal, qui a l’idée de mettre sur mon plateau de petit déjeuner un lapin nain buvant mon jus d’orange. Résultat : une double page. C’est Philippe d’Exea, pigiste au journal, qui photographie cent douzaines de roses, offertes par Gunter Sachs pour me faire la cour, tombant du ciel sur La Madrague par hélicoptère. C’est Ghislain [Jicky] Dussart qui me photographie nue pour Match et qui réalise les plus belles photos de ma vie. Nous avions, lui et moi, la légèreté complice et la force de l’amitié. Il me manque tant ! Anne, son épouse, est toujours près de moi. Jicky m’a aidée à fuir le monde ­déchaîné des paparazzi et autres chroniqueurs qui, durant trente ans, ne m’ont laissé ni trêve ni repos.

Cela dit, quand tu faisais un strip-tease habillée en bonne sœur, c’était limite provoc !
Je tournais “Les novices” avec ma copine Girardot. Claude Azoulay m’a proposé, pour Match, dans un fou rire général, de retirer mes vêtements de nonne, un à un. C’est ainsi que, sur une plage, je lui ai montré mes petites fesses connues du monde entier, avec un détail rigolo : j’étais à poil avec ma cornette sur la tête. Photos jamais parues dans Match à cause des lecteurs cathos, mais “Playboy” les a publiées et elles ont fait le tour du monde.

Que faut-il pour qu’une photo te rende belle ?
La faire en m’aimant. Une femme reste le reflet que lui donne l’homme. Alors l’alchimie passe. Si la confiance s’installe, la ­tendresse suit. Le regard fait le reste, c’est la démarche d’un amant sur papier glacé.

Quelle est la photo que tu souhaiterais voir publier après ta mort ?
Celle avec le bébé phoque, qui symbolise tout de ma vie. De la célébrité à l’isolement sur la banquise, la solitude que j’ai si souvent affrontée et, enfin, la protection animale.

Et si Dieu recréait la femme, que lui dirais-tu ?
Qu’il me donne enfin du pouvoir pour mes combats, et qu’il change l’homme.
source.

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